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Interview de Niels Prayer

  • date 05.03.2018
  • theme Générale

Niels Prayer, un motion designer et réalisateur en freelance travaillant pour différents studios comme Future Deluxe, Mathematic, Passion Pictures est venu à l'ESMA Nantes

Découvrez l’interview de Niels Prayer, motion designer et réalisateur en freelance en visite à l’ESMA Nantes

ESMA : Peux-tu me parler de tes études et de ton parcours professionnel ?

Niels Prayer : Je suis Niels Prayer, un motion designer et réalisateur en freelance travaillant pour différents studios comme Future Deluxe, Mathematic, Passion Pictures

Après le bac, j’ai pu faire des études de cinéma traditionnel, à l’ESRA Paris, où j’ai pu apprendre comment un film se fabriquait, se tournait, se montait et acquérir de solides bases artistiques en la matière et en analyse de film. Mon approche du graphisme et de la 3D s’est faite par la petite porte, car c’est à force de traîner en salle de montage de l’école, pendant les longues soirées de montage de films de diplôme que je me suis rapproché de gens qui faisaient des scènes en 3D dans la salle d’à coté. Voyant le potentiel de la chose, ça a fait comme un tilt !

On avait déjà eu quelques cours de Nuke pour nous aider sur la post prod de nos films mais la 3D me semblait un nouveau monde où l’on pouvait tout raconter, tout faire sans contraintes techniques ou de budgets… j’étais jeune et naïf ! En tous cas, je passais mes soirées sur Blender à la maison, patouillant de toutes mes forces pour faire des cubes en 3D bougeant comme des ninjas avec des mouvements plus qu’improbables ! Dès lors, je me suis tourné sérieusement vers l’animation et la 3D.

Après l’Esra, je fais l’école Georges Méliès où enfin je peux apprendre les ficelles de ce nouveau medium ! Peu de choses à en dire en soi, à part que ce fut une des périodes de ma vie où j’ai sûrement le plus travaillé, le plus appris et le plus puisé dans mes ressources personnelles pour tenter d’avoir un niveau convenable à la sortie de l’école. Car oui, lorsqu’on est étudiant et que l’on regarde les démo reels sur internet, on se sent extrêmement humble et petit. On commence à stresser de savoir si on pourra vivre un jour de ce métier et par la même occasion, rembourser nos prêts étudiants !

Finalement, j’ai la chance d’être pris en stage chez Framestore à la sortie de l’école pour y travailler quelques mois avant de revenir en France. Je travaille ensuite près d’un an chez Illumination Macguff en tant que FX Technical Director. Dans l’intervalle je m’étais rapproché du studio SUPAMONKS, où j’ai eu la chance de travailler après Illum, pendant près de 2 ans en tant que FX Supervisor. Je garde un très bon souvenir de cette période, autant humainement que techniquement. Aussi, c’est pendant cette période que je commence à me chercher un style et je produis beaucoup de projets personnels, sur mon temps libre.

Recevant de plus en plus de demandes pour mes projets annexes, je décide voilà maintenant un an de voyager en solo, en freelance, au gré des projets et studios. Pour l’instant c’est quelque chose qui me convient. D’abord ce fut surtout pour du motion design pur et dur, avec en bagage toute mon expérience de FX derrière, puis maintenant en concept, design et réalisation enfin. En quelques années, je suis passé de la post-prod bien lourde techniquement à de la pré-prod pour savoir comment illustrer des concepts métaphysiques en image ! Qui l’eut cru ?

ESMA : Pourquoi as-tu choisi cette carrière ?

N.P : Difficile question ! Pour pleins de raisons sûrement… Je ne me suis jamais vraiment posé la question à vrai dire. Mais si je devais quand même trouver une réponse, je pense que c’est surtout parce que je m’y sens bien. Tout simplement. J’aime profondément ce que je fais, que ce soit raconter des histoires, faire des images et surtout, les rencontres que l’on fait sur la route sont vraiment enrichissantes.

Et puis j’aime l’idée de l’évolution constante, du changement de médium au sein de la même industrie. On peut se lever et commencer sa journée par faire un peu de dessin, puis ouvrir un soft de 3D pour faire du design minimaliste, puis finir sa journée en composant 3 notes au piano pour un petit film personnel ! On baigne en permanence dans cet art, cela nous maintient toujours en éveil. Et c’est extrêmement grisant et plaisant de vivre comme ça.

ESMA : Quels sont les projets sur lesquels tu as le plus aimé travailler ?

N.P : Chaque projet est intéressant. Même ceux qui se font dans la souffrance ou qui sont très durs à mener au bout, car on y apprend toujours quelque chose. Cela affine nos futurs choix et on apprend petit à petit, ce qu’on aime faire ou non, ce dont on est capable ou non.

Après concrètement, une de mes meilleures expériences en Réalisation fut la cinématique du Jeu Endless Space 2 faite avec Supamonks et SEGA/Amplitude. Sinon en design pur, mes derniers travaux pour Future Deluxe ont toujours été super intéressants.

Et bien entendu, je prends un véritable plaisir à constamment faire mes propres petits projets, où je prends un plaisir fou à expérimenter, tester et tenter de trouver de plus en plus un style et une manière d’envisager la narration propre !

ESMA : Où puises-tu ton inspiration? As-tu un « rituel » de travail (recherches, références…) ?

N.P : Je n’ai pas de rituel précis d’inspiration mais j’essaie de toujours rester « connecté ». Pas au sens internet du terme mais dans un sens connecté aux choses que je vois, écoute, reçois… être toujours à l’affût de ce que le monde vous donne à manger psychiquement. J’essaie de toujours interconnecter les médiums pour voir comment par exemple je peux être inspiré pour créer de la musique avec une image, ou vice-versa. Comparé aussi l’écriture, ou comment créer des images par les mots, des sensations et opposer ça avec faire une vraie image, et tenter d’y créer du rythme, d’y trouver des paragraphes, des rimes…

ESMA : Pourquoi t’es-tu aujourd’hui tourné vers l’enseignement ?

N.P : L’enseignement permet de créer une vraie communication entre passionnés. Je m’y suis dirigé de manière assez naturelle en fin de compte. Déjà, je pense que de manière générale il est important de transmettre, de partager. Ça ouvre, ça crée le débat et ça favorise une meilleure communication à la place d’un esprit de compétition absurde. Je re-découvre complètement mon métier grâce à ce prisme et les étudiants me donnent beaucoup en retour. On passe de vrais bons moments – enfin j’espère – autour d’un même sujet, d’une même passion et cela me permet de découvrir des angles d’approche auxquels je n’aurais jamais pensé.

ESMA : Et dernière question: Quels sont tes conseils pour les étudiants 3D de l’ESMA ?

N.P : Quand on est étudiant, je pense que c’est important de profiter de ce statut pour travailler un maximum sans se soucier du reste. La vie nous le pardonne, la famille aussi, avec un peu de temps héhé ! C’est important de vraiment rester concentré et de ne vivre que dans une optique d’apprendre et de tester le plus de choses. On a peu d’occasions par la suite en réalité.

Ce serait dommage de ne pas profiter de ces années-là. C’est ce que je répète le plus souvent ; Il n’y a pas de secrets ! Si je m’amuse maintenant avec mon travail, si je peux avoir plus de libertés artistiques aussi, c’est parce que lorsque je fus étudiant, j’ai pu tester, pu échouer énormément, sans risques à la clé. Sans risques de perdre un emploi, ou de changer de carrière ou quoi que ce soit. On se plante et on recommence. Encore et encore. Et maintenant, à force de beaucoup de travail, je sais un peu plus ce dont je suis capable ou non, ce que j’aime ou pas. Faire un nombre important de projet personnels permet non pas d’acquérir une méthode, mais SA méthode pour faire les choses, en voyant ce qui marche ou non avec notre caractère, nos façons de faire etc…

Et enfin, je pense que tout bon artiste se doit d’être un très bon technicien avant tout, pour comprendre les enjeux de notre profession, de savoir comment en parler, comment communiquer avec les gens avec qui nous travaillons.
Lorsque l’on sait comment on fabrique et qu’il ne reste plus qu’à aller explorer le monde pour s’en inspirer, il n’y a plus que du bon !

La demoreel 2017 de Niels Prayer


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