L'ESMA en conférence aux Ateliers Numériques de Google à Montpellier

Depuis février 2019, Montpellier est la seconde ville en France à accueillir les Ateliers Numériques de Google et déjà tout un panel de conférences et d’animations ont été données dans leurs locaux. C’est dans le cadre de ces activités que l’école ESMA a été invitée par Google pour donner une conférence sur le thème de la projection architecturale, plus communément appelée mapping.

Le mapping, ou fresque lumineuse, est une technologie associant de la vidéo aux volumes d’un bâtiment. Une séquence vidéo, ou de lumières, est projetée sur un édifice, le plus souvent, afin de créer des illusions en se servant des structures du bâtiment.

Cette technologie époustouflante est de plus en plus utilisée à aujourd’hui et il n’est pas rare de la croiser lors d’événements. Il s’agit là aussi d’un terrain de jeu pour nos étudiants qui peuvent, à travers ce support peu commun, laisser libre cours à leur imagination.

Conférence sur la création d’une vidéo mapping

En ouverture de conférence, Isabelle Teissèdre a présenté l’école ainsi que la formation de Mastère Design et Stratégie Digitale dont le travail lors du « Cœur de Ville en Lumières » 2018 a été exposé dans la cours de l’Agora à Montpellier. A cette occasion, les étudiants avaient réalisé une vidéo d’une durée de 5 minutes, enchaînant plusieurs tableaux colorés.

Afin d’expliquer clairement le cheminent pour réaliser une vidéo de mapping, Adrien Boutin est revenu sur les différentes étapes de production.

L’importance du brainstorming et du scénario

Pour réaliser une bonne vidéo, qui déclenche des émotions, cela repose avant tout sur une bonne histoire. C’est la base et le pilier sur lequel la création va s’appuyer.

Laissons la place à Adrien Boutin :

En première étape vient celle de la réflexion : qu’est-ce qu’on veut montrer et quel message faire passer à travers notre vidéo ?

La difficulté est de canaliser une quinzaine d’élèves autour d’un projet commun, de mettre en avant leurs idées, et de les inclure dans une commande publique (la mairie).

Étant dans la cour de l’Agora, ils ont voulu expliquer l’évolution du lieu (couvent pour femmes, prison pour femmes, endroit ou l’on enfermait les résistants durant la 2nde guerre mondiale, puis l’agora telle qu’on la connait). Il y avait un angle féministe qu’ils voulaient dégager. Seulement, la projection s’inscrivait dans la période des fêtes de fin d’année, un moment où les gens recherchent de la légèreté, il aurait été compliqué de proposer cette proposition. Nous avons réfléchi ensemble à un nouvel axe qui permettait de faire passer leurs idées tout en jouant avec le bâtiment.

Une fois le sujet déterminé, il a fallu le rédiger sous forme de scénario pour déterminer la trame de l’histoire.

Ensuite il y a eu la création du storyboard. Cette étape est importante car elle permet :

• De poser à plat les idées pour un meilleur échange entre nous ;
• D’établir une feuille de route précise ;
• De mieux cerner nos idées (car il y a un aspect plus réel que du texte) ;
• D’affiner le jeu avec le bâtiment.

La création graphique

Adrien enchaîne sur l’étape d’après, celle de la création graphique. C’est là tout l’enjeu du sujet :

Pour mener à bien le projet, les étudiants ont été répartis en petits groupes. Chacun gérait la création de son tableau et il ne fallait pas perdre de vue que la vidéo devait former un ensemble homogène. Il a fallu mettre en place des canaux de communication entre les 15 élèves pour que la direction artistique soit cohérente, même s’ils travaillent de chez eux.

Difficulté supplémentaire, les élèves devaient tenir compte des spécificités du logiciel d’animation au niveau graphique, mais aussi du fait que la projection sur le bâtiment allait absorber couleurs et lumières.

En dernier arrive la musique et la bande-son (pour cette vidéo, elle a été composée par Aymeric Schwartz). Nous avons opté pour une construction « par émotion ». C’est-à-dire que les élèves ont posé des sentiments désirés sur un timing précis du scénario, engendrant les variations musicales de manière construite. La musique et le sound design sont essentiels dans la construction scénaristique car ils viennent soutenir les propos visuels et scénaristiques.

La production

Pour conclure, Adrien Boutin revient sur la semaine de production du court-métrage :

La production se déroule sur une semaine. Ces cinq journées de travail sont extrêmement intensives et intenses pour les étudiants (de 8h du matin à 18h, voire 20h). C’est un challenge car les élèves n’ont que de maigres connaissances dans la création de mapping. Il a fallu trouver des astuces pour leur faire exprimer ce qu’ils voulaient dire.

La gestion du stress est primordiale car la pression est omniprésente et la fatigue s’installe rapidement. J’ai dû leur apprendre à communiquer entre eux, à faire preuve de diplomatie et à « arrondir les angles ». C’est un travail qui ne peut se réaliser qu’en équipe.

A la fin de la semaine, le responsable de CDVL et le technicien de la projection (Yan Kaïmakis) sont venus voir les 1ers résultats et ont fait leurs retours. J’ai profité de cette occasion pour leur apprendre à défendre leurs points de vues tout en implémentant ceux du client.

Enfin, vient la projection test qui permet de regarder la vidéo en conditions réelles et d’apporter très rapidement les derniers ajustements.

une démonstration

Afin d’être moins abstrait, Adrien Boutin a illustré ses propos en présentant des cas concrets auxquels les étudiants ont été confrontés lors de l’élaboration de la vidéo. Depuis le logiciel servant à produire des vidéos de mapping, l’enseignant s’est appuyé sur des exemples pour expliquer comment les élèves sont parvenus à résoudre les difficultés rencontrés à travers des exercices spécifiques destinés à leur faire comprendre le fonctionnement du logiciel avant de l’appliquer sur l’animation finale.

des échanges enrichissants

Les personnes présentent lors de la conférence ne provenaient pas du monde du mapping ou de la création graphique en général. Leurs interrogations se sont principalement portées sur l’organisation du travail, à savoir comment orchestrer 15 personnes pour parvenir à produire une vidéo dans des délais aussi courts.

Plusieurs participants étaient également curieux de connaître la limite entre le motion design et le film d’animation, dont la frontière est assez floue. Effectivement, aujourd’hui certains longs-métrages sont des films d’animation mais avec une forte dominante de motion design. Adrien Boutin, en spécialiste, a expliqué ce mélange de médias et de techniques de plus en plus présent et confondu.

Le mot de la fin revient à Isabelle Teissèdre :

Cette conférence aux Ateliers Numériques de Google a été très enrichissante ! Il est toujours passionnant d’échanger avec des gens curieux qui s’interrogent sur l’élaboration d’un projet : comment concrétiser une idée ?

Ce n’était pas non plus un public auprès duquel nous avons l’habitude de nous adresser. Il nous a fallu réfléchir et repenser notre terminologie afin de vulgariser nos propos pour qu’ils soient accessibles au plus grand nombre.

Les remarques du public sont souvent pertinentes et surprenantes ! Il est toujours intéressant de voir comment des personnes étrangères au domaine appréhendent la chose et cherchent à se l’approprier.

Nous avons vraiment été ravis de donner cette conférence. Le bâtiment dans lequel les Ateliers Numériques de Google s’avère être convivial et accueillant ! Nous avons hâte de revenir, en décembre, pour une seconde conférence qui fera suite à l’édition 2019 de Cœur de Ville en Lumières.