Pil, un long-métrage français auxquels nos anciens étudiants ont participé

Un univers médiéval-fantastique

Pil est donc le troisième long-métrage du studio toulousain, TAT Prod. Dirigé par Julien Fournet, ce film d’animation jeunesse mixe acrobaties et découvertes dans un univers médiéval-fantastique. Le pitch ? Pil, une orpheline survit en allant chiper de la nourriture dans le château du régent Tristain, usurpateur du trône. Un jour, pour échapper aux gardes qui la poursuivent, elle se déguise en enfilant une robe de princesse. Elle sera alors entraînée dans une quête folle pour sauver Roland, le véritable héritier du trône.

« La région Occitanie fut notre première source d’inspiration pour l’univers du film : la cité de Carcassonne, Cordes-sur-ciel, Albi…, confie Julien Fournet. Nous avons effectué un petit périple avec les concepteurs graphiques du film pour trouver les références de notre univers : un moyen-âge proche de celui du sud de la France au XIVe siècle, teinté de merveilleux. On a même poussé le vice à coller des accents du sud à plusieurs de nos personnages. Je connaissais le talentueux acteur de doublage Emmanuel Curtil, pour avoir travaillé avec lui sur les As de la jungle, et je savais qu’il adorait faire des imitations. Avec Barbara Tissier, la directrice du casting, on s’est amusés à lui faire faire une imitation d’un célèbre chanteur d’Occitanie, je vous laisse deviner lequel… »

20 à 30 anciens de l’ESMA et stagiaires étudiants

« Pil a été une belle et longue aventure humaine, étalée sur plusieurs années, note Julien Fournet, l’idée a germé en 2014, j’ai commencé à travailler dessus en 2015. La production du film a vraiment commencé en 2018. Parmi les 250 personnes avec qui j’ai eu la chance de travailler, il y a entre 20 et 30 anciens de l’ESMA et stagiaires étudiants.

L’animation est toujours une étape magique dans le processus de création du film, poursuit Julien Fournet, on y voit les personnages prendre vie. C’était particulièrement fun de voir les animateurs travailler sur le personnage de Maître Crapulo (pour rappel, il s’agit d’une marionnette chaussette animée par un ventriloque). Ils cherchaient des références en regardant leur main, et se demandaient quelle forme de doigts pourraient évoquer la peur ou la colère… C’était assez surréaliste ! Mais bizarrement, ce fut un des personnages qui s’attira le plus de sympathie dans l’équipe. »

Alexandre Arpentinier : « un voyage magique en Occitanie médiévale »

Parmi ces anciens, Alexandre Arpentinier. « Pil est le deuxième long-métrage d’animation sur lequel j’ai travaillé en tant que Character Artist, au sein d’une équipe qui s’occupe de modéliser et de texturer entièrement les personnages, explique celui qui est sorti de l’ESMA en 2016 après son cursus cinéma d’animation.

Au début de la production, on commence en faisant des accessoires pour se mettre dans le bain, cibler les principales problématiques et prendre en main le pipeline, car c’est toujours plus simple que sur un personnage qu’on attaque par la suite.
J’ai fait une dizaine de personnages pour le film : un fermier, les gardes du château, la tenue de Rigolin déguisé en mercenaire, les deux assistants du chef mercenaire, le mercenaire canonnier et enfin toutes les versions de Crobar, le fidèle compagnon de Pil. Je suis très content d’avoir pu faire ce dernier car il accompagne Pil durant toute son aventure, et j’aime beaucoup l’évolution de leur relation au fil de l’histoire.
Pour chacun d’entre eux il fallait trouver le juste équilibre entre leurs tenues, les matières et les détails les composant afin de retranscrire leur identité et leur vécu. C’est une des parties que je préfère dans mon travail !

Une fois ma mission terminée avec l’équipe de modélisation de personnages, j’ai rejoint l’équipe chargée de texturer les décors et les éléments qui les composent, pour les aider à en faire et terminer certains.

Ma mission sur Pil a duré une année complète, et je suis très content d’avoir découvert le résultat cet été lors de sa sortie au cinéma. L’univers du film est largement inspiré des paysages voisins du studio TAT, mettant à l’honneur le Sud-Ouest de la France. Étant moi-même originaire de la région, cela me tenait à cœur de travailler pour cette production 100% Toulousaine. J’espère que les spectateurs apprécieront ce voyage dans une Occitanie médiévale et quelque peu magique ! »

Vous pouvez retrouver le travail d’Alexandre ici.

Ismaël Candelon : « une fierté »

Pour sa part, Ismaël Candelon occupait le poste de groomer sur le film. « Cela veut dire très exactement que je traitais essentiellement les coupes de cheveux et la fourrure des animaux. J’ai fait par exemple la coupe de Pil, celle de la sorcière et les poils du petit chien Ysandre (l’acolyte du méchant), note l’ancien étudiant de l’ESMA Toulouse (promo 2014).

Dans mon travail, il est important de toujours travailler avec des références et de conserver une unité graphique entre les personnages pour qu’on ressente bien qu’ils appartiennent au même univers. Et je rajouterai aussi qu’il faut savoir être patient et donner de son temps car le projet peut être long et peut par moment vous décourager sur la longueur surtout quand on approche des « dead line ».

Le grand challenge de mon poste a été de créer des coupes de cheveux assez complexes (je pense notamment à l’héroïne Pil et à la sorcière ; deux coupes particulièrement corsées) où j’ai dû faire preuve d’imagination en plus de la technique pour les réaliser. Pour y parvenir je me suis aidé d’outils internes au studio pour me faciliter la tâche sinon je n’y serais pas arrivé sans ça !

Le travail en équipe s’est très bien passé même si à la fin ça reste le moment le plus tendu de la production où toutes les équipes sont à bout et portent le poids du film sur leur épaule (je pense qu’aucun studio n’échappe à la règle), ça reste tout de même une très bonne expérience et de très beaux souvenirs, voir même une certaine fierté une fois le film sorti quand on voit le résultat de nos efforts sur les grands écrans du cinéma. »

Linda Neang : « Je me suis rendue compte combien il me restait à apprendre »

« Le projet Pil est la toute première production sur laquelle j’ai travaillé après l’ESMA (NDLR : Linda est sortie de l’ESMA Toulouse en 2019). J’étais dans l’équipe de la texture de l’environnement puis dans l’équipe des effets spéciaux de personnages, indique-t-elle.

Pour la texture, je suis arrivée après la pré-production faite par les leads. Celle-ci a servi à bien préparer le terrain pour les infographistes, anticiper les problèmes éventuels, lister et planifier les tâches et constituer une bibliothèque de matériaux et une documentation. Au début on était 7 dans l’équipe (6 anciens de l’ESMA !), dont le lead et son assistante lead. J’ai eu une semaine et demi de formation sur le pipeline et sur les logiciels 3DSMax, Substance Painter et Designer. Puis j’ai commencé en douceur avec les premiers petits assets qu’on m’a assignés, d’abord sans quota, afin de bien m’approprier les outils et le style graphique demandé.

Sur cette production, l’organisation était primordiale. Moi qui n’avais pas la bonne habitude de prendre des notes dans le milieu scolaire, j’étais obligée de tout noter pour ne pas me perdre. En effet, lancer une simulation peut être long, alors on peut bosser sur plusieurs plans en même temps.

Pour m’aider à m’organiser, je créais un bureau pour chaque plan et laissais une note pour chaque plan pour savoir à quelle étape j’en étais. Il m’est arrivée de travailler sur 7 bureaux en même temps ! Je me suis rendue compte à quel point j’aimais Houdini aussi, et combien il me restait tant à apprendre ! D’ailleurs, je vais sûrement faire une formation Houdini en plus. »

TAT Productions compte désormais 150 collaborateurs (120 emplois à temps plein) et a vendu Pil dans 60 pays et aux chaînes Canal+, Ciné+ et France TV. Après Pil, la société toulousaine sortira Les Argonautes en 2022, Les As de la jungle 2 en 2023 et Pets on a train en 2024. De beaux projets sur lesquels ne manqueront de travailler nos anciens étudiants !

@crédits images : TAT Prod