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Premiers pas dans la vie active – Yasmine Bresson, Benjamin François et Emilie Gomez

  • date 28.07.2021
  • theme Générale
  • Formation Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux

Rencontre avec un trio de jeunes diplômés qui ont été tous trois recrutés par le studio montpellierain Nobody. Yasmine Bresson et Benjamin François ont quitté la région nantaise où ils étudiaient pour rejoindre le sud tandis qu’Emilie Gomez jouait déjà à domicile !

Rencontre avec Adrien Chauvet, co-réalisateur du film Quand les poules auront des dents, et d’Audrey Rioux, co-réalisatrice du film Le roi tulipe tous deux diplômé de la formation Cinéma d’Animation 3D et Effets Spéciaux. Ils évoquent leur entrée dans le monde du travail, le premier est resté sous le soleil méditerranéen, dans la ville de Montpellier, et pour la seconde, elle s’est envolée au pays de la feuille d’érable !

COMMENT S’EST PASSÉE TA RECHERCHE D’EMPLOI ?

Yasmine Bresson & Benjamin François (Y.B. & B.F.) : La recherche d’emploi a été pour ainsi dire inexistante. Lors des entretiens suivants le jury et la remise des prix, Sébastien Chort nous a proposé à Yasmine et moi de le rejoindre dans son projet de création d’un studio à Montpellier, qu’il commençait avec Grégory Jennings.

Nous avons évidemment sauté sur l’occasion, et préparé notre déménagement aussitôt que nous étions rentrés à Nantes. C’est surtout cette partie qui a été compliqué, nous avons eu très peu de temps pour nous organiser, et 2 semaines après le jury nous étions installés à Montpellier et prêts à commencer.

Emilie Gomez (E.G.) : Alors à la sortie de l’école, à cause du covid nous n’avions pas eu le temps de préparer quoique ce soit en terme de bande démo, nous n’avions que 3 jours entre la projection du jury et la job fair pour préparer quelque chose. J’ai donc fait une mini démo avec les plans du films que j’aimais le plus, mais malheureusement je n’avais pas d’autres projets à mettre car je n’avais pas eu le temps d’en préparer d’autres. Après la job fair, je ne pouvais certainement pas garder que Glitch dans ma reel, j’ai donc pris le temps de me mettre quelques mois en off pour travailler sur des projets personnels, bosser enfin sur des choses et des sujets qui me plaisaient, apprendre d’autres softs, travailler d’autres styles graphiques, étoffer un peu tout ça quoi ! Ca a duré 5 mois environ.
Ensuite est-ce que ça a été compliqué ? Étonnamment, moins que ce à quoi je m’étais préparée. Le plus complexe en fait a été de trouver du travail en voulant rester sur Montpellier. Car si au début à l’obtention du diplôme je voulais absolument partir, j’ai changé d’avis pour raisons personnelles. Donc pas évident de se restreindre à une dizaine de studios dans la ville quand le monde entier s’offre à nous ! Donc au début j’avais quand même pris le parti de faire une sélection, j’ai consulté les offres, surtout par le biais de Linkedin, et j’ai envoyé mes candidatures. Puis en attendant d’avoir des réponses (positives ou négatives), le temps passant, j’ai envoyé des candidatures spontanées à des studios qui m’intéressaient certes moins, mais au moins j’aurais peut être obtenu un travail !
Puis un jour, comme ça tombé du ciel, je reçois un mail du recruteur de Framestore, qui me dit qu’il est intéressé par mon profil, souhaite connaitre mes disponibilités, et savoir si j’étais intéressé pour avoir un entretien avec eux. J’avoue que je n’y croyais pas, car je n’avais jamais contacté Framestore de moi même. Le seul contact que j’ai eu avec eux, c’était lors d’un entretien visio qu’avait organisé l’Esma quelques temps apèrs la job fair auquel on avait pu s’inscrire. Et moi ce jour là manque de bol, pas de son ! Impossible de les entendre, donc on a échangé quelques mots par écrit, ils ont reçu la mini bande démo que j’avais faite dans les 3 jours après le film, et c’est tout ! Qu’est-ce que j’avais été déçue de louper une opportunité pareille ! Mais chose incroyable, ils m’ont dit que même dans cette petite démo (faite à l’arrache ahah), ils avaient trouvé des choses qui leur plaisaient, l’ont mis de côté, et m’ont recontactée quand ils entammaient leur période de recrutement, donc 5 mois après les avoir rencontré dans un entretien visio qui avait échoué ! J’ai donc passé un entretien avec eux, qui s’est très bien déroulé. Ils ont mis plus d’un mois à me répondre à la suite de ça, sauf que moi entre-temps, avec un aussi long délai de réponse, je me suis dit que c’était cuit, donc j’ai cherché ailleurs. Et c’est là que j’ai reçu le mail de Lucille, qui disait que Nobody Studio recherchait un lighter/comper junior. Je savais que ce studio était en train de se monter sur Montpellier, j’ai donc postulé directement dans les 10min après avoir reçu l’annonce. Et ça a marché ! Ils m’ont recontactée, j’ai eu un entretien qui s’est super bien passé, et puis j’ai été embauchée. Nota bene, ils m’ont dit que ce qui leur avait plu dans ma démo, c’était d’une part qu’il y ait des projets persos, ce qui leur a permis de voir un peu mon univers graphique, (et aussi que j’avais bossé ahah), mais aussi des projets qui graphiquement correspondaient à ce à quoi ils travaillaient au studio, et qu’il y avait une certaine sensibilité au lighting. Donc j’étais bien contente d’avoir pris le temps de travailler de mon côté pour me constituer un portfolio plus solide. Je pense que c’est essentiel à la sortie de l’école de prendre ce temps, pour sortir du monde des projets scolaires, et montrer autre chose aux recruteurs que les exercices qu’ils ont vu 1000 fois ou les films qu’ils ont vu au cinéma 2 mois auparavent.
Par la suite, j’ai reçu la réponse positive de Framestore, que j’ai dû décliner avec un gros pincement au coeur car j’avais trouvé un poste ailleurs qui me convenait parfaitement, mais nous avons quand même gardé contact. (C’est le plus important!)

QUEL EST TON POSTE ACTUEL ET EN QUOI CONSISTENT TES MISSIONS ?

Y.B. & B.F. : Nous faisons actuellement du Scene Assembly, ce qui consiste à assembler les éléments nécessaires au rendu des shots, tels que les assets, les animations, les shaders et les lights (qui auront été préalablement travaillées par un.e autre artiste). Selon les projets, nous pouvons avoir plus ou moins de choses à gérer en Scene Assembly, pouvant aller de simples debug ou optimisation, à l’ajustement d’un lighting pour certains shots, voir l’amélioration d’un shader ou d’un asset. Le but étant juste de s’assurer le fonctionnement du rendu (et sa qualité).
Après ça nous gérons les premières étapes de compositing, en recomposant les shots et en appliquant les notes et retours qui nous sont fait au fil des semaines, afin de les amener vers le look final. Les shots sont généralement terminés et peaufinés à la fin par d’autres artistes qui ne s’occupent que du compositing.

E.G. : Actuellement je travaille en tant que lighter/comper junior, et aussi en scene assembly à Nobody Studio.
On a un certain nombre de shots attribués, on reçoit les asset, l’enviro, on assemble le tout dans une scène, on prépare les différents éléments de rendu nécéssaires pour les compers (les passes etc) on débugue aussi beaucoup ahah. On retouche aussi le lighting si nécéssaire, car le keylighting est déjà préparé en amont, mais parfois il y a besoin de l’adapter ou le modifier pour que ça marche mieux au shot, ou à la demande du client. Ensuite, apèrs le passage sur la farm, on s’occupe d’une part de vérifier que nos rendus ont bien fonctionné, et si besoin on retourne dans la 3D pour ajuster. Et ensuite on a certains shots qui nous sont aussi attribués en compositing, donc on peut aller plus loin pour ces shots là, qu’on mène jusqu’au final. Les autres, plus complexes par exemple, sont envoyés à d’autres compers.
Sur le projet actuel, en lighting, on a peu de liberté artistique car tout est déjà bien calé par notre lead, on reçoit certaines directives ou retakes, du client ou des sups, mais on a pas vraiment encore de liberté à ce niveau là. En compositing c’est à peu près pareil, mais je trouve qu’on a quand même un peu plus de liberté d’action. La DA est très précise et assez verrouillée, donc parfois on doit juste se contenter de retoucher un tout petit peu ceci ou cela, c’est assez frustrant des fois, mais ça a aussi l’avantage de pas forcément se perdre tout seul et d’avoir une guideline précise, d’enchainer et d’aller vite.

PEUX-TU NOUS RACONTER TES PREMIERS PAS DANS L’UNIVERS PROFESSIONNEL ?

Y.B. & B.F. : Les débuts dans le studio se sont faits sans trop de stress grâce à Sébastien et Grégory qui nous ont vraiment bien accompagné. Nous avons débuté sur des logiciels que nous ne connaissions pas, ce qui n’est pas toujours évident, mais ils ont été là pour répondre à chacune de nos questions, et nous aider à gagner en efficacité dessus.

E.G. : En ce qui concerne le stage, je l’ai effectué à Zeilt au Luxembourg. Au début j’étais assez anxieuse quant à l’idée de partir là bas, car j’avais un peu peur de «m’expatrier». J’étais consciente que dans notre métier, cette peur là allait être un sacré frein qu’il allait falloir vraiment surmonter. Et à ma grande surprise, je me suis extrêmement vite adaptée et sentie tout de suite bien au studio. Etapé 1 réussie !
Ensuite, en ce qui concerne le travail, ils nous ont mis tout de suite à l’aise, ils nous on dit qu’on était là pour apprendre, qu’on avait donc pas de quotat et pas de pression à avoir. Je travaillais sur la série animée Barababor. J’ai modélisé et texturé des assets la premiere semaine environ, mais j’avais demandé si possible à faire du compo, car je voulais vraiment m’engager dans cette voie là. Ils étaient très contents car ils avaient justement besoin de compers ! Au début, pour apprendre je commençais vraiment par des petites tâches, rajouter des petits effets, du rotoscoping.. C’était pas la folie, des «tâches de stagiaire» comme on dirait, c’était le cas de le dire ahah, mais ça me dérangeait pas car c’est comme ça qu’on apprend, par la base, et de toute façon je n’étais pas encore dans les capacités de faire plus. Et petit à petit, j’avais de plus en plus de responsabilités ; vers la fin du stage j’ai eu 2-3 plans où mon sup m’a dit «Tu as carte blanche, propose nous ce que tu veux pour ce shot, nous on n’a plus d’idée». C’était vraiment génial, d’une part parce qu’ils me faisaient confiance en voyant mon travail évoluer au fil des semaines, mais aussi parce que j’avais l’occasion de laisser libre court à mes idées, ma créativité, et que je me sentais d’autant plus impliquée, j’avais d’autant plus envie de les aider à trouver une idée qui leur plaisait et leur montrer que j’en étais capable.
Pour Nobody Studio, les premiers pas ont été vraiment géniaux aussi, enfin la suite aussi bien sûr ! Déjà avant de commencer, on a eu une journée pour découvrir l’équipe, avec une session de «formation» pour qu’ils puissent nous montrer les tenants et les aboutissants du projet, le pipe, les outils, le workflow etc.. Donc le jour J, on savait déjà un peu dans quoi on mettait les mains, c’était rassurant. Me concernant, c’était la première fois que j’utilisais les logiciels sur lesquels on travaille actuellement, donc j’avais un peu la pression, et en plus mes autres collègues les connaissaient déjà. J’étais vraiment la plus jeune junior en terme d’expérience. Mais de ce fait, ils se sont tous montré d’une grande aide avec moi, et on s’est tous très vite mis dans une dynamique d’aide et de solidarité. Seb et Greg aussi ont été vraiment attentifs à ce que tout le monde s’intègre bien, dans le projet comme pour le reste, qu’on se sente à l’aise dans l’équipe, avec les outils… Donc très vite s’est installée une super ambiance, tant en terme de travail que d’entente au sein du studio. Notre lead étant à Londres en télétravail à cause du Covid, on communique avec lui via visio ou via chat, et il est aussi ultra disponible et attentif. A aucun moment je me suis sentie perdue ou délaissée, tout le monde est toujours là pour s’aider et répondre aux questions,
c’est même très encouragé.
Ensuite concernant, le projet, j’ai vraiment aimé travaillé dessus, car c’est un univers que je connais, et c’est tellement agréable en sortant de l’école de travailler avec des outils faits spécialement pour, des automatismes, des directives, plus ou moins claires des fois bien sûr, mais d’être vraiment encadrée tant techniquement qu’humainement parlant.

COMMENT AS-TU VÉCU CETTE ENTRÉE DANS LE MONDE PROFESSIONNEL ? CELA CORRESPONDAIT À TES ATTENTES ?

Y.B. & B.F. : Le monde professionnel est finalement plus proche de ce que nous avons expérimenté sur nos films que nous le pensions. On y rencontre des questionnements similaires, les mêmes besoins d’organisation, les mêmes approches de raisonnement. Bien sûr tout dépend de l’ampleur des productions, et ce qui concernait nos court-métrages en équipe de 6 ou 7 prend une autre ampleur dans un projet impliquant des dizaines de personnes.

E.G. : Je n’ai pas du tout été déçue, bien au contraire. Pour l’instant, entre le stage et mon job à Nobody tout se passe bien. J’étais forcément un peu anxieuse au démarrage de mon premier emploi, car désormais on attend vraiment quelque chose de nous, et on est impliqué dans une équipe, une histoire, envers nos sups, les clients, on fait vraiment partie de quelque chose, et je trouve que c’est le meilleur sentiment qu’on puisse avoir pour un travail. J’aime me dire qu’à ma petite échelle, j’ajoute ma petite pierre à l’édifice, que notre travail impacte celui d’un autre et inversement, c’est vraiment une synergie entre plusieurs départements, pays selon les clients, et c’est vraiment plaisant, enrichissant

QU’AS-TU RESSENTI ? COMMENT AS-TU VÉCU CE PASSAGE D’ÉTUDIANT À PROFESSIONNEL ?

Y.B. & B.F. : Le passage d’étudiant à professionnel peut se ressentir de pleins de façons. Je trouve que cela crée une notion d’engagement différente par rapport à celle du travail fourni sur les films de fin d’étude, en commençant par percevoir le mot « travail » autrement. On continue de s’investir dans un but et pour une équipe, on veut s’assurer de la qualité de ce qu’on fournit, mais d’un seul coup, il faut apprendre à fixer des limites au rythme que l’on avait jusqu’à maintenant. C’est un travail de passion, mais dans lequel il faut savoir introduire un détachement « professionnel » aussi. C’est dans un juste milieu que se trouve le meilleur équilibre entre créativité, efficacité et santé, car on travaille dans une industrie qui peut facilement se nourrir du surplus de travail que les artistes passionnés sont prêts à fournir.

E.G. : Qu’as-tu ressenti ? Comment as-tu vécu ce passage d’étudiant à professionnel ?
Franchement, je suis super contente, parce qu’avoir un travail apporte une telle stabilité ! Ca offre vraiment un cadre de vie, une routine qui dans mon cas, m’aide vraiment à m’équilibrer. Je suis contente le matin de me dire que je vais bosser, apprendre, découvrir, apporter de nouvelles choses, voir mes collègues de travail, me marrer, boire l’apéro après le taff avec eux, qu’il va y avoir des bugs, des soucis à régler, qu’on va devoir chercher des solutions etc.. Ca remplit bien la journée l’air de rien ! Et puis avoir un travail booste énormément la confiance en soi ; avoir des responsabilités, se voir attribuer des tâches, leur confiance de la part de nos sups et collègues, s’entendre dire qu’on fait du bon boulot, que les sups/les clients sont contents, qu’on participe à quelque chose c’est vraiment grisant ! Et surtout, quand on a fini notre journée, on est libre après ça ! Pas de devoir rien, on sort du travail et on reprend le cours notre vie personnelle, enfin on peut faire autre chose que de la 3D en rentrant, avoir d’autres activités, hobbies, passions… C’est quelque chose qui déjà pendant mon stage m’a énormément plu, la journée on aime le taff qu’on fait, mais on est libre de s’en détacher une fois que la journée est finie. A la différence de l’école justement, où on bosse d’arrache pied pour avoir notre diplome, jour et nuit pendant 4 ans, et on bosse pour notre pomme et c’est tout, l’objectif au début étant d’arriver à apprendre assez vite, d’avoir des bonnes notes, d’être au niveau… Au travail on fait vraiment partie d’un tout, alors qu’à l’école on est plus amené à être seul je trouve.
Et puis n’oublions pas un détail et non des moindres, le salaire ! Ca fait quand même du bien de travailler et d’être payé pour ce qu’on fait, parce qu’il y a la passion certes, mais c’est pas ça qui nous nourrit, il ne faut pas l’oublier je pense.
En soi ça fait du bien de commencer sa «vie d’adulte», travailler, installer son quotidien, toucher ses sous-sous, et commencer à organiser sa vie «comme un grand», sortir de la vie précaire d’étudiant, sur tous les plans.

QU’EST-CE QUE ÇA FAIT DE TRAVAILLER SUR DES PROJETS PROFESSIONNELS ?

Y.B. & B.F. : Les projets sur lesquels nous travaillons à Nobody Studio font partie de ceux qu’on pouvait regarder avec envie et admiration pendant nos années d’études. C’est un sentiment curieux que de participer à leur création maintenant, à découvrir le fonctionnement et les secrets de leurs productions. Un peu comme découvrir l’envers du miroir, un paradoxe qui génère et retire de la magie en même temps !

E.G. : C’est vraiment plaisant, parce qu’encore une fois, on fait partie d’un tout. Et puis on sait qu’on va être reconnu pour notre travail, qu’il est à destination d’un public, plus ou moins large, qu’il est fait et qu’il existe dans un objectif précis, pas juste celui d’avoir une bonne note ou d’impressionner un jury. Et puis selon l’ampleur ou la portée du projet, il n’y a pas à dire, ça déboite quand même ! Se dire qu’on a bossé sur tel film, tel trailer, telle pub ou que sais-je, ça fait du bien ! Et puis techniquement parlant, en tout cas là en ce qui me concerne et sur les projets en question, qualitativement c’est pas la même chose forcément. Ca fait plaisir de bosser avec des beaux assets qui fonctionnent correctement, des outils qui t’aident, s’il y a un problème, tu as quelqu’un à qui t’adresser, et ça repart au département concerné, ce n’est pas à toi de régler le problème causé par quelqu’un d’autre, enfin, dans la plupart des cas ;P

APRÈS CES QUELQUES MOIS POST-ÉCOLE, QUEL REGARD JETTES-TU EN ARRIÈRE ? SUR TA FORMATION ET L’ESMA ?

Y.B. & B.F. : Les années passées à l’ESMA sont encore tellement proches qu’on s’y sent encore très connecté. On garde un contact régulier avec nos équipes de film de fin d’étude, avec notre promo, et même des profs. Étrangement, on se remémore facilement les bons moments, et on oublie peu à peu les moments plus durs des années passées à l’ESMA Nantes. Enfin c’est comme ça que fonctionne l’être humain en fait !

E.G. : Et bien je dois avouer que je suis bien contente d’avoir fini ahah ! Car la formation à l’Esma c’est quand meme une expérience bien sportive. Là d’avoir un travail, c’est beaucoup plus tranquille, et ça offre plein d’avantages comme je décrivais plus haut. Maintenant je suis quand même contente de voir que justement à ce niveau là, on est quand même bien formés à l’esma en terme d’endurance et de capacité de travail, d’encaissement. Je sais que si je n’avais pas été à l’esma ça aurait été bien plus difficile sur une prod comme celle que je fais actuellement, qui est très dense et avec une hard deadline très serrée.
Maintenant, en commençant à voir la comparaison, je pense qu’il y a quand même des choses qui méritent d’etre améliorées à l’esma, notamment ça, le fait d’être pressuré autant d’années, il doit quand meme y avoir des méthodes moins «bourrines» pour préparer les élèves à la vie active, car ça ne se passe comme ça en réalité. Même si en soi, on doit apprendre beaucoup de choses en peu de temps, et qu’on est préparé à toute éventualité, il y a à mon sens quelques ajustements à faire, comme par exemple tout l’aspect administratif du travail, les statuts, la négociation, les salaires, le chômage, la mutuelle, les congés, les aides, les clauses de contrat, les rapports hiérarchiques et humains etc.. tout ça ce sont des choses qui ne sont absolument pas enseignées et sur lesquelles on est pas du tout renseigné quand on sort et qu’on est jeune diplômé, alors que c’est quand même essentiel, surtout dans notre branche où il y a quand même beaucoup de tips à savoir !

QUID DU COVID ET DU NOUVEAU CONFINEMENT, CELA A-T-IL EU UN QUELCONQUE IMPACT POUR TOI ?

Y.B. & B.F. : Le covid n’aura décidemment pas eu le même impact sur notre profession que sur la plupart des autres. Le premier confinement aura été une complication et un retard dans les productions des films, mais tout le monde a su s’adapter et faire au mieux pour rattraper la situation. Le deuxième confinement aura été similaires pour nous, il a compliqué notre déménagement sur Montpellier, nous aura forcé à nous adapter comme tout le monde à ces règles de la vie quotidienne, mais le travail n’a pas été freiné pour autant, nous avons même eu la chance de pouvoir travailler en présentiel, avec les règles que cela impliquait.

E.G. : Le Covid a surtout eu un impact pour moi lors de la production de notre film de fin d’étude, car on était en plein dedans, et le télétravail à l’école était une situation difficile et nouvelle pour absolument tout le monde, tant pour les profs, l’admin et les élèves, donc difficile de faire avec.
Pour la vie professionnelle, forcément il a un impact sur la recherche d’emploi, car beaucoup de studios et de pays sont maitenant plus réticents à embaucher des graphistes qui viennent de loin, même en télétravail, surtout en tant que junior. Parce que dans un sens comme dans l’autre, être junior et commencer son premier job en télétravail est extremement complexe, presque décevant et angoissant, mais pour les studios aussi, laisser un junior sans expérience loin d’eux n’est pas un choix facile à faire en terme de confiance. Après à l’inverse, ça a permis quand même de développer ce mode de travail là, qui plait finalement à de plus en plus de personnes, et offre plus de possibilités en un sens, donc le covid a été à double tranchant finalement.

ET TES PROCHAINS MOIS, OU L’ANNÉE À VENIR, COMMENT TE PROJETTES-TU POUR LA SUITE ?

Y.B. & B.F. : La suite est assez claire pour nous actuellement, nous espérons rester chez Nobody Studio et si possible nous investir encore un peu plus dans la vie et l’avenir du studio. Le statut de Scop et l’ambiance générale avec toute l’équipe sont assez irrésistibles, et le modèle financier que Sébastien et Grégory sont parvenus à instaurer a de quoi défier le modèle économique de la plupart des studios en France. Là où l’industrie a tiré les salaires vers le bas au fil des années, leur projet de montrer qu’il est possible de rééquilibrer la balance a de quoi motiver.

E.G. : Pour l’instant je reste à Nobody, il va y avoir pas mal de travail et je m’y sens vraiment bien, je commence enfin à avoir une vie qui me plait à Montpellier tant sur le plan personnel que professionnel, donc j’espère y rester le plus de temps possible. Après bien sûr,je suis consciente que j’ai un métier qui me permet de découvrir beaucoup de choses et d’aller à plein d’endroits, donc c’est quand même quelque chose dont je veux profiter d’ici quelques années.

COMMENTAIRE LIBRE

E.G. : Je n’ai pas grand chose à rajouter, si ce n’est que j’ai hâte de découvrir plus de choses, d’acquérir plus d’expérience et de savoir, pour pouvoir aussi les re-partager ensuite. Car s’il y a bien une chose que je constate quotidiennement, c’est que notre monde du travail est extremement petit, tout le monde se connait, plus ou moins de loin, c’est vraiment un viver d’échange et d’humain. C’est à double tranchant mais c’est hyper enrichissant et j’ai hâte de vraiment pouvoir en faire partie aussi.

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Vous pouvez lire les autres portraits de la saga :

Mastère Design & Stratégie digitale

Elise Lévêque

Mastère Motion Graphics Design

Méline Montaigut

Cycle Pro Cinéma d’Animation 3D & Effets Spéciaux

Audrey Rioux & Adrien Chauvet

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Vous pouvez retrouver les films & teasers de la promo 2020 sur notre chaîne Youtube ESMA MOVIES.

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