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Jérémy Rouch

  • Promotion 2018
  • Formation Design Graphique Plurimédia
  • Travaille actuellement chez Freelance
  • poste Motion Graphic Designer

Habité par le dessin depuis sa plus tendre enfance, Jérémy Rouch a tout d'abord appris en autodidacte avant de pousser plus loin son expertise à travers des formations. C'est ainsi qu'il a fini par intégrer la formation Mastère Motion Graphics Design qui lui permettait d'allier sa passion de la vidéo et du graphisme.

Qu’est-ce qui t’a poussé à te diriger vers le monde du graphisme ?

Je pense avoir un intérêt pour les activités créatives qui remonte à l’enfance. J’aimais dessiner et je m’intéressais aux visuels présents dans l’univers de la musique et dans l’imagerie du basketball. Par exemple, j’ai un souvenir précis de reproduire les samouraïs de la pochette de l’album de l’École du Micro D’Argent d’IAM. Mais aussi le livret avec la calligraphie asiatique. C’est intéressant d’observer, environ vingt ans plus tard, que cette curiosité m’a permis d’intervenir sur le clip de Saro à Tokyo Gift en intégrant des kanjis japonais en animation graphique.

De plus, à l’âge de 13 ans, j’ai commencé à faire de la musique. Je gérais moi même ma communication et mes visuels. J’apprenais donc le graphisme et le photomontage en autodidacte. J’ai découvert tardivement (après le bac) qu’il y avait des formations pour ces métiers-là. Dès que j’en ai eu connaissance ça m’est apparu comme une évidence de me diriger vers un métier créatif. Et déjà à ce moment-là j’étais attiré par la vidéo car j’hésitais entre faire une école de cinéma ou de graphisme. Ce que je ne savais pas encore c’est que le format qui m’intéressait dans tout ça s’appelait le motion design…

Pourquoi avoir choisi d’intégrer le Mastère motion graphics design ainsi que l’école ESMA ?

Avant même de commencer ma formation de design graphique je savais que je voulais apprendre à faire du « graphisme en mouvement ». J’ai su par la suite qu’il s’agissait du motion design. Des workshops, et plus spécifiquement un projet de kinetic typography, m’ont conforté dans l’envie de me spécialiser dans cette discipline.

Pour le choix de l’école, il y a trois raisons. La première est simple, l’ESMA a été une des premières à proposer une formation motion. En 2015, j’avais visité les nouveaux locaux de l’école qui s’apprêtait à ouvrir cette formation. À ce moment-là, j’étudiais à Nantes mais je faisais mon stage de graphisme à Toulouse. La seconde, c’est que je connaissais la réputation de l’ETPA (ndlr : une autre école appartenant au réseau Icônes auquel appartient également l’ESMA) et la qualité du travail photographique. Je trouvais super intéressant de pouvoir se rencontrer et de croiser nos disciplines. Et surtout, d’avoir des intervenants qui viennent de la photo et du cinéma d’animation, en plus du graphisme. La dernière, c’est que je suis originaire du Sud de la France et je voulais revenir dans le coin !

Qu’est-ce que la formation t’a apporté ?

Je dirais qu’elle m’a permis d’approfondir mes connaissances dans la phase de préproduction. Les idées, les différents axes de concept et surtout la direction artistique. Ensuite, elle m’a permis de structurer les étapes de réalisation d’un projet motion design (storyboard, animatique, production…). Pour finir, de découvrir et d’expérimenter les différentes techniques spécifiques au motion (animation traditionnelle, VFX, stop-motion, 3D…).

Y avait-il une matière que tu appréciais en particulier ?

J’aimais beaucoup le croisement de nos trois matières principales qui, finalement, en formaient une seule. Avec une première orientée sur la direction artistique et l’histoire de l’image ; la deuxième sur la technique spécifique du motion avec l’utilisation du logiciel After Effects ; et enfin la troisième, qui était celle qui supervisait les autres : la réalisation. Avoir l’ensemble des outils pour monter un projet audiovisuel qui fait sens.

Avais-tu une idée précise de ce que tu voulais faire en sortant de la formation ? à quoi voulais-tu te destiner ?

Pour mieux répondre, j’aimerais tourner la question dans le sens inverse : j’avais une idée de ce que je voulais faire et apprendre en entrant en formation. Je suis attiré par le motion design associé à l’univers de la musique comme la réalisation de clips ou d’habillage vidéo-graphique-scénique. Pour ces raisons, je m’intéresse au mapping et au vjing. La seconde, c’est le format documentaire animé, façon Arte. Je trouve super intéressant de synthétiser des informations et de se nourrir intellectuellement soi-même en travaillant sur ce genre de projets. Apprendre des choses et les retransmettre.

En sortant de la formation mon envie première était de voyager. Aussi, de continuer à me former dans le motion, notamment techniquement. Pour me sentir plus à l’aise (et légitime) à collaborer sur de grands projets. Je suis allé vivre et voyager en Italie quelques mois en faisant beaucoup de photos et de vidéos. Aujourd’hui, je continue toujours de voyager régulièrement et de travailler en itinérance. J’essaie de mettre en place ce qu’on appelle le style de vie « digital nomad » associé au « slow travel ». J’ai toujours pris le temps de continuer à me former et d’expérimenter.

En sortant de tes études tu t’es lancé en freelance. Pourquoi ce choix et qu’est-ce que cela t’apporte ?

Je me suis lancé précisément en freelance environ un an après mes études. Après un temps de voyage et d’expérimentations. J’en ai également profité pour me former sur les tenants et aboutissants d’être indépendant. Ça me permet d’être libre et indépendant dans le choix des projets et ma manière de travailler.

Tu évolues sur deux plans du graphisme : graphiste et motion designer. Pourquoi ne pas se spécialiser sur un seul ?

Personnellement, je ne fais pas de distinction réelle entre les deux. Le motion design c’est la contraction de motion graphic design c’est-à-dire le design graphique en mouvement animé.

J’adore d’ailleurs le mot « animé » qui vient du latin « animare » signifiant « donner vie ». J’aime donner vie – mettre en mouvement – le graphisme ou des illustrations. De plus, comme ma formation de base est graphiste, pour moi, le motion est simplement un prolongement. Et comme en général j’interviens sur des projets que je réalise de A à Z, je gère donc la partie graphique et illustration ou encore vidéo (tournage).

Qu’est-ce que l’un et l’autre t’apportent ?

Cela me permet de concevoir toutes les différentes étapes de réalisation d’un projet de motion (graphic) design, de la direction artistique en passant par la production jusqu’à l’animation. Ça me permet de varier les projets, d’être pluridisciplinaire et complémentaire. Au final, je ne m’ennuie jamais ! Je m’aperçois malgré tout être de plus en plus à l’aise avec le fait de trouver des concepts et de penser la direction artistique des projets. Et être (r)appelé pour cette capacité à avoir des idées.

Je pense qu’au fil du temps je délaisserai l’étape de production et m’entourai des bonnes personnes pour cette dimension-là (illustrateurs, designers 3D, animateurs etc.) afin de me concentrer uniquement sur la direction artistique. C’est ce qui m’intéresse le plus. Même si j’adore aussi créer et expérimenter de nouvelles techniques visuelles.

Quelle est la typologie de tes clients et les projets sur lesquels tu travailles ?

Je travaille beaucoup dans l’univers de la musique. Je réponds aux besoins des artistes et des structures qui les produisent. J’ai aussi eu des missions, plus courtes, avec des sociétés de production qui m’ont contacté via Malt, par exemple. J’ai aussi travaillé quelques mois dans une agence audiovisuelle où les projets étaient plutôt pour les collectivités territoriales ou des institutions. En design graphique j’ai aussi conçu la mise en page d’un recueil de poésie ou fait quelques créations de logos. J’ai réalisé deux documentaires et j’aimerais trouver des clients dans ce domaine. Et bien sûr, continuer de travailler dans l’univers de la musique, notamment dans la direction artistique des artistes.

Comment abordes-tu un projet qu’on te confie ?

J’apprécie d’y aller étape par étape : cerner au mieux la demande, les objectifs, les contraintes… Je fais des propositions et je prends le temps d’argumenter mes choix. J’accorde une grande importance aux mots et à la communication. Je pense que ça instaure un climat de confiance et montre l’intérêt au projet que l’on me confie. Ça évite les mauvaises surprises à la fois pour les clients et aussi pour soi. Ainsi on est sûr d’aller dans la bonne direction et de valider chaque étape clé avant de passer à la suivante. Quand on réalise un projet il ne faut pas qu’il y ait de retour en arrière… Je pense que fonctionner de cette manière permet de travailler dans un cadre agréable, dans une bonne dynamique, à la fois créative et relationnelle. J’ai aussi eu la chance d’avoir des projets que l’on me confie grâce à des projets personnels que j’ai réalisé ou encore en venant avec des idées.

Y a-t-il une signature, une patte Jérémy Rouch ?

Je dirais qu’il y quatre choses spécifiques me définissent.

L’intérêt que j’accorde à la couleur. J’aime travailler avec une palette de couleurs restreinte. Un peu comme un peintre, je passe des heures à trouver des bonnes associations de couleurs. J’ai toujours apprécié travailler en bichromie ou trichromie (avec de légères nuances). Je pense que c’est l’une des choses qui me définie et avec le temps je pense que les couleurs que j’utilise rendront mon style de plus en plus distinguable.

La deuxième, c’est la typographie. J’accorde une grande importance aux choix des polices de caractères. Quelles sont les familles de polices et leurs connotations. Je pense que lorsqu’on est graphiste c’est indispensable de connaître ça pour faire les bons choix. De plus, je m’intéresse depuis toujours à la calligraphie qu’elle soit asiatique ou arabe.

La troisième c’est la technique de rotoscopie que j’ai développé par moi-même en détournant un outil sur After Effects pour arriver à un résultat que je suis – a priori – seul à avoir fait de cette manière. J’ai développé cette technique au fil des mois ces deux dernières années et j’adorerais réaliser des clips (ou d’autres projets) avec ce concept.

En dernier, pour finir, le dessin aux traits, l’illustration à la ligne pour une dimension minimaliste. C’est un style de graphisme que j’apprécie beaucoup et que je souhaite décliner et développer sur de nouveaux projets. (cf. ci-dessous la vidéo sur Wes Anderson).

Après je pense que ça sera au fil du temps que ma patte et ma singularité se reconnaîtront !

Peux-tu nous parler du projet documentaire Wes Anderson ? Pourquoi l’avoir fait, comment l’as-tu pensé et travaillé et quels sont tes objectifs par la suite avec cette production.

À l’origine, le projet de Wes Anderson était notre seconde grande réalisation d’étudiant à l’ESMA. L’idée était de réaliser une web-série en présentant les grands réalisateurs contemporains. Il y avait la difficulté de ne pas avoir de voix-off ni de script, pour raconter, sous formes d’anecdotes, la vie du réalisateur. En faisant des recherches sur le réalisateur (interviews, documentaires…) j’ai eu l’idée de couper des passages pour raconter son histoire. J’ai utilisé la technique du sampling qui vient de l’univers de la musique hip-hop. Ça m’a permis d’avoir une trame narrative, un fil rouge et un concept audio singulier, voire même unique. À l’heure actuelle, je n’ai aucune référence de projet similaire.

Quant à l’image, je me suis appuyé sur une technique d’illustration que je maitrisais bien, à savoir le dessin aux traits. Cela faisait sens avec l’univers de Wes Anderson qui lui-même utilise des schémas dessinés dans ses films. Ou encore, en référence à l’illustration ou à l’animation, qui sont présentes dans ses films. Cette direction artistique est la même que j’avais développé en 2018. Il y a des dessins et des passages d’animation qui sont similaires à ma version d’étudiant, il y quatre ans. Au début de la réalisation de ce documentaire L’Ile aux chiens n’était pas encore sorti.

J’ai réussi à avoir des contrats, voire même à être recruté, rien qu’avec les premières versions de ce projet. Je voudrais m’en servir comme carte de visite pour montrer un de mes styles d’illustrations. Mais aussi l’intérêt que j’accorde à la musique et au sound design. Tout en intégrant Loma Studio avec qui je travaille depuis plus de deux ans et qui a fait une superbe composition musicale dans l’esprit Wes Anderson. Ça a été un réel plaisir et soutient pour mener à bout ce travail et un réel plaisir de faire les arrangements sonores avec eux.

Pour ce projet, il y a deux dimensions extrêmement importantes et interdépendantes : l’image et le son.

 

Crédits vidéos et images : Jérémy Rouch / Saro


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