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Salamech

  • Promotion 2007
  • Formation Design Graphique Plurimédia
  • poste Street artist
  • lieu Montpellier

Après un BTS de Design Graphique, Salamech a opté pour un choix de vie : celui de vivre de sa passion, le street art. Il exerce son Art, avec un grand A, où couleurs et formes curvilignes s'entremêlent en un style inimitable. Gardant des liens avec l'ESMA, il y est régulièrement invité comme intervenant pour initier les étudiants à la pratique du graffiti. Découvrez son portrait et sa vision du street art.

Retour sur tes années ESMA

QU’EST-CE QUI T’A POUSSÉ À TE DIRIGER VERS LE MONDE DU GRAPHISME et POURQUOI AVOIR CHOISI D’INTÉGRER LE CURSUS design graphique de l’ESMA ?

Aussi longtemps que je me souvienne, j’ai toujours dessiné et plus largement été passionné par le pouvoir de l’image. A l’âge de 15 ans je me suis lancé instinctivement dans la pratique du graffiti. Je savais qu’après le lycée, je voulais faire des études dans le domaine artistique. J’ai choisi d’intégrer l’ESMA car l’année de prépa (MANAA à l’époque) permettait d’étudier différentes matières liées aux arts appliqués et ainsi préciser l’orientation de ma formation.

QU’EST-CE QUE LA FORMATION T’A APPORTÉ ?

Beaucoup de choses, car l’ESMA propose une formation assez globale. En Design Graphique option graphisme – édition – pub on avait des cours d’arts plastiques, de dessin, de sémiologie, de stratégie de communication, d’histoire de l’art, d’anglais et même un peu de sciences. J’ai appris à m’organiser, analyser une image, développer des concepts visuels, présenter des projets à l’oral, être plus curieux et aiguiser mon regard artistique.

Y AVAIT-IL UNE MATIÈRE QUE TU APPRÉCIAIS EN PARTICULIER ?

Oui l’histoire de l’art car le prof était excellent et la matière passionnante !

AVAIS-TU UNE IDÉE PRÉCISE DE CE QUE TU VOULAIS FAIRE EN SORTANT DE LA FORMATION ? A QUOI VOULAIS-TU TE DESTINER ? EST-CE QUE LA FORMATION T’A OUVERT DE NOUVELLES POSSIBILITÉS SUR LE MONDE DU TRAVAIL ?

Oui je voulais être graphiste print, concevoir des identité visuelles pour des entreprises, des marques, des institutions, faire des campagnes de communication, concevoir des affiches, etc. La formation te donne les outils pour être compétent sur le monde du travail, mais il faut également fournir beaucoup de travail personnel et construire un réseau social et professionnel solide pour y arriver.

COMMENT S’EST PASSÉE TON IMMERSION DANS LE MONDE PROFESSIONNEL À TA SORTIE DE LA FORMATION ?

Mon immersion professionnelle a été un peu particulière car ma passion pour la peinture et le graffiti me prenait beaucoup de temps et d’énergie. J’ai donc associé ces deux compétences pour gagner ma vie, j’ai monté ma propre structure et j’ai construit peu à peu mon réseau clients ce qui m’a permis de développer mon activité artistique en parallèle.

Ton parcours professionnel

UNE FOIS TON DIPLÔME EN POCHE, QUEL A ÉTÉ TON PARCOURS PROFESSIONNEL ?

Une fois mon diplôme en poche, je suis parti à Barcelone pour faire une année de résidence artistique. En réalité, pour faire du graffiti de manière intensive tout en étant confronté à un environnement nouveau. Ce fût donc une année supplémentaire de formation très instructive à « l’école de la rue ». De retour en France, j’ai monté ma structure de design graphique et continué ma pratique artistique alternative, qui fût peu de temps après, interrompue par une arrestation et les problèmes judiciaires qui vont avec…

J’ai redoublé d’efforts et à la sortie de cet épisode, j’ai saisi les opportunités artistiques qui se sont présentées à moi et lancé ma carrière d’artiste urbain.

Aujourd’hui tu es street artist. Est-ce ton travail à temps plein ?

Oui j’exerce mon travail d’artiste à temps plein.

En quoi consiste ton travail, ton quotidien ?

Mon travail s’organise entre quatre activités principales :

  • Ecriture de projets et direction artistique
  • Création d’œuvres d’art en atelier et expositions
  • Réalisation de fresques murales
  • Animation d’atelier et workshops au sein de structures scolaires, médicales et associatives

Je vais tous les jours à l’atelier Parcours que je partage avec quatre autres artistes et travaille sur mes projets à raison de 9 heures par jour. Je me déplace pour des événements de différentes natures et pour réaliser des fresques murales quand on me sollicite.

Tout cela est possible grâce aux partenaires rencontrés en chemin, un réseau solide renforcé par l’émulation artistique particulièrement forte que nous avons à Montpellier.

Comment es-tu devenu street-artiste et à réaliser des graffitis ?

C’est la vie qui m’a amené vers l’art, ce parcours s’est présenté à moi comme un évidence. J’ai embrassé la culture Hip-Hop dans laquelle j’ai grandi, ce sont mes codes, mes origines, qui se sont exprimés en moi par le graffiti. J’ai évolué, voyagé, et repoussé mes limites avec lui. Le chemin est encore long et aujourd’hui, la peinture reste l’élément central de mes préoccupations.

qu’est-ce qui caractérise ton travail de graffiti / street artist ? La « signature » Salamech ?

Je vais ici me concentrer sur mon travail de street artist, le graffiti restant en ce qui me concerne une pratique personnelle et subversive.

Mon travail s’articule autour de plusieurs éléments :

  • La réalisation de mes supports de création à partir de matériaux récupérés dans la rue, que je nomme « Matière Urbaine ».

Panneaux d’affichage publicitaire, rideaux métalliques, affiches lacérées constituent ma base de travail.

  • La place centrale des mots. Le lettrage et la couleur sont mis en scène dans une composition alliant complexité et équilibre.

Ces mots s’associent à une iconographie populaire évocatrice et nostalgique.

Mon travail illustre la pensée comme frontière entre l’image et les mots, le tout lié à un environnement urbain omniprésent.

Qu’est-ce qui tu plaît dans le graffiti ? Cherches-tu à exprimer quelque chose ou à transmettre un message ?

Ce qui me plaît dans ce processus de création, c’est d’avoir su garder cet échange entre l’extérieur (la rue) et l’intérieur (l’atelier). Je transforme des matériaux urbains dans l’atelier et je produis dans ce même atelier des œuvres destinées à être installées dans la rue. C’est un échange constant qui est pour moi une suite cohérente à ma pratique du graffiti classique.

Mon travail met en avant l’importance des mots dans un contexte sociétal en perte de sens. L’environnement urbain représente aujourd’hui un espace ambivalent à la fois fertile aux innovations humaines mais créateur d’entropie. Être artiste dans ce contexte donne un rôle d’observateur et d’agitateur de consciences.

Fais-tu des collaborations ? Travailles-tu avec d’autres artistes, associations etc.

Oui bien sûr, j’ai fait plusieurs expositions collectives ou en duo, organisé des projets collectifs et associé mes compétences artistiques avec de nombreux corps de métiers. Chaque projet est une aventure collective ! Il n’y a que dans l’atelier, face à son support de création qu’on se retrouve seul aux commandes.

comment as-tu perçu l’évolution du graffiti dans la societe ? est-ce mieux perçu ou compris ?

Je suis aujourd’hui partagé quant à l’évolution de l’art urbain. D’un côté il y a énormément de créativité, de talent et d’idées porteuses de sens, d’initiatives positives dans ce mouvement. De l’autre, une marchandisation excessive, une tendance consensuelle assez vulgaire à la recherche du « like » facile. Je crois qu’il faut de tout pour faire un monde !

Tu donnes des workshops et ateliers à l’ESMA. En quoi est-ce important pour toi ? Cela permet-il de sensibiliser les étudiants à cette forme d’art ? Fais-tu de la sensibilisation auprès d’autres écoles / structures / associations ?

C’est important pour moi car ça relève de la transmission, c’est même essentiel. Ca permet aux étudiants d’avoir une expérience concrète dans ce domaine, de l’ajouter au reste de leur formation. Je propose des initiations et ateliers au sein de Line Up, une structure spécialisée dans la diffusion de l’art urbain, mais aussi dans des écoles élémentaires, collèges, lycées, au sein d’entreprises dans le cadre de team building et dans des structures médicales type IME, hôpitaux psychiatriques et autres.

Y a-t-il un projet dont tu es particulièrement fier et que tu souhaites partager avec nous ?

Il y en a quelques-uns qui ont bien fonctionné. Parmi eux, le projet citoyen réalisé avec l’association PACIM ( passeurs de cultures, passeurs d’images) qui a donné lieu à mon plus beau mural, intitulé « Héritages », réalisé en mai 2017 et toujours visible juste avant le terminus du tram L1 au quartier Mosson de Montpellier. Il est le résultat de nombreuses réunions organisées par cette association avec les habitants du quartier autour de la question de leur relation avec les forces de l’ordre, sur fond d’un grand besoin de considération. Ces projets donnent du sens à ma pratique et ont une utilité à la fois esthétique et humaine. C’est ce qui me plaît le plus !

Pour conclure

Des projets à venir ?

Bien sûr, je travaille actuellement sur ma première série de sculptures en béton brut pour une prochaine exposition à Montpellier. J’ai également réalisé une façade de 80m2 sur la dernière résidence étudiante construite par Bouygues Immobilier, à Montpellier. La sortie d’un folio spécial avec le cirque Balthazar et ma participation aux prestigieux 800 ans de la faculté de médecine de Montpellier.

Je prépare également une exposition personnelle avec ma galerie, La Villa Tschaen à Colmar, prévue pour cette fin d’année.

Comment te vois-tu dans quelques années ?

Dans quelques années, je me vois toujours en train de créer mais aussi de plus en plus impliqué dans le rôle de directeur artistique et écrire des projets pour la nouvelle génération d’artistes.

Un conseil à donner aux étudiants et futurs étudiants ?

Oui ! Suivez votre intuition, donnez-vous les moyens de mettre en place vos projets quels qu’ils soient. Ne suivez pas le système, inventons-en un nouveau, plus résilient et durable.

Et pour ceux qui souhaiteraient se lancer dans le graffiti / Street art ?

Soyez désinvoltes et subversifs !

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Pour suivre Salamech et découvrir ses œuvres

Site internet : salamechgraffiti.com

Instagram : @salamech_art


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