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Yann Fructuoso

  • Promotion 2012
  • Formation Design Graphique Plurimédia
  • Travaille actuellement chez Studio Pure
  • poste Directeur artistique / Graphiste

La passion et l'amour pour le graphisme pour Yann Fructuoso, ancien étudiant de la formation Design Graphique, a été comme un coup de foudre. Une passion sans borne offrant une multitude d'expériences et de possibilités créatives. Après quelques passages en entreprise, il a crée sa propre agence où il exerce en tant que directeur artistique et graphiste : le Studio Pure.

Retour sur tes années ESMA

QU’EST-CE QUI T’A POUSSÉ À TE DIRIGER VERS LE MONDE DU GRAPHISME ?

C’est tout bête, j’étais au lycée et je découvrais une plateforme de blogging. À cette époque où la plupart des gens se servaient de ces blogs pour publier des photos de leurs amis, je me suis aperçu, à ma grande surprise, que ce qui m’intéressait n’était pas la publication mais le support. Je bossais sur le design de mon blog tous les soirs et j’adorais ça ! Tout est parti de là…

POURQUOI AVOIR CHOISI D’INTÉGRER LE CURSUS DESIGN GRAPHIQUE AINSI QUE L’ÉCOLE ESMA ?

Ca avait l’air cool ! Non plus sérieusement, le cursus design graphique, je savais que c’était ce que je voulais faire depuis un moment. Comme je l’évoquais précédemment, pour l’ESMA je me suis laissé séduire lors d’une JPO, j’étais fasciné ! On était bien loin des cours que je suivais au lycée, enfin un truc intéressant !

QU’EST-CE QUE LA FORMATION T’A APPORTÉ ?

Aujourd’hui encore j’ai quelques phrases-clés et conseils bien avisés qui résonnent toujours. C’est pas une blague, je me surprends même à ressortir des phrases mot pour mot que j’ai entendu de tel ou tel professeur à mes stagiaires. Voilà, ça c’est pour le très concret, mais plus globalement, ce que j’ai surtout appris à l’ESMA, c’est un état d’esprit. J’avais une personnalité assez « étriquée », sûr d’avoir déjà tout vu et j’ai finalement appris que l’ouverture était la plus belle voie.

Y AVAIT-IL UNE MATIÈRE QUE TU APPRÉCIAIS EN PARTICULIER ET POURQUOI ?

Forcément j’avais plus d’affect pour certaines matières que pour d’autres. Une en particulier, mais cela tient surtout au professeur qui est formidable, donc je la tairais. Globalement, j’adorais l’informatique car être initié aux langages HTML et CSS me passionnait. J’adorais la pub parce que moi qui était toujours sur la réserve j’étais obligé d’aller chercher des choses loufoques au fond de moi, j’adorais bien entendu le graphisme et je m’y suis d’ailleurs découvert une vraie passion pour la typographie.

EN SORTANT DE TES ÉTUDES, OU PENDANT, AVAIS-TU UNE IDÉE PRÉCISE DE CE QUE TU VOULAIS FAIRE APRÈS ?

Honnêtement non. Je savais une chose c’était qu’après l’ESMA je voulais approfondir mes connaissances dans une école mais finalement mon chemin fut bien différent de ce que j’avais imaginé et j’en suis ravi.

Ton parcours professionnel

APRÈS L’OBTENTION DE TON DIPLÔME, QUEL A ÉTÉ TON PARCOURS PROFESSIONNEL ?

Et bien direct en boîte de nuit ! Non, non, c’est vrai j’ai repris la communication d’un club de la région, puis la direction artistique, pour finalement travailler pour un grand groupe qui détient plusieurs restaurants, plages privées et boîtes de nuits. C’était, je le pensais, bien loin du graphisme que j’affectionnais mais à ma grande surprise j’ai appris beaucoup de choses et j’ai pu insuffler ma vision. Avec le recul c’était génial, vraiment. Un jour j’ai quitté ces établissements, frustré d’une certaine manière de ne pas pouvoir assouvir mes désirs graphiques, pour me tourner vers une clientèle auprès de laquelle je pourrais m’épanouir et j’y travaille encore chaque jour !

TU AS monté TON AGENCE, STUDIO PURE. PEUX-TU NOUS La PRESENTER ? EST-CE QUE LE NOM « PURE » FAIT ECHO A QUELQUE CHOSE DE PRECIS ?

Comme tout le monde, j’affectionne certains courants plus que d’autres. Pour ma part, ce sont les designs épurés, minimalistes, les symboles à double lecture. La richesse d’un trait simple, pouvant être interprété de plusieurs manières. C’est autour de cette philosophie que j’ai conçu Studio Pure et je voulais que cela se transcrive de manière évidente dans l’expérience que je propose au client, cela passe évidemment par le nom.

SUR QUEL TYPE DE PROJETS TRAVAILLES-TU ? QUELS SONT LES PROFILS DE TES CLIENTS ?

En ce moment je travaille beaucoup avec des avocats et des architectes qui se sont tournés vers moi, je pense, pour le caractère épuré des designs que je propose justement. La plus grande partie des projets sont des conceptions de site web mais cela s’accompagne dans la plupart des cas d’une identité complète. La taille des structures qui se tournent vers moi est très variable, cela peut être un(e) indépendant(e) comme un gros cabinet. Cela a peu d’importance pour moi, c’est toujours un nouvel univers à aborder.

COMMENT ABORDES-TU LES PROJETS QUI TE SONT CONFIéS ?

C’est là qu’est toute la difficulté. Faire un site pour un avocat, c’est super, en faire 20 c’est super aussi mais il ne faut pas qu’il y en ait deux qui se ressemblent, c’est là qu’il faut creuser. J’essai donc de retranscrire ce que je ressens du client dans son site, lui proposer quelque chose à son image. Il y a cependant toujours des impératifs, des codes similaires à adopter. Toute la difficulté réside donc dans le fait de bien placer le curseur entre la personnalité du client, ce qu’il en ressort, son souhait et les codes de la profession, les nomenclatures. Cela engendre beaucoup de discussions, il faut justifier ses prises de position, mais c’est un bel exercice que j’affectionne particulièrement.

TES CLIENTS SONT D’UNIVERS VARIéS. N’EST-CE PAS COMPLIQUé DE JONGLER D’UN UNIVERS à UN AUTRE, QUI NE POSSèDE PAS FORCEMENT LES MêMES CODES ?

Au contraire c’est ce que j’adore ! J’ai parlé précédemment de ma clientèle dans la magistrature et l’architecture, mais je suis aussi présent sur bien d’autres univers et c’est une grande chance, plutôt qu’une difficulté. J’aime passer d’un gros cabinet d’avocat au petit restaurant du coin, ce sont des valeurs différentes à transcrire, des relations différentes et cela permet de tromper la monotonie.

POURQUOI AVOIR FAIT LE CHOIX DU STUDIO, FREELANCE, PLUTOT QUE CELUI DE L’AGENCE OU DE RESTER EN ENTREPRISE ? QU’EST-CE QUE CELA T’APPORTE ?

Étant de nature très indépendante, je pense que j’aurais pu m’acclimater en agence, mais j’ai vraiment préféré avancer « seul ». Je mets ce mot entre guillemets car c’est bien loin d’être le terme le plus adapté. En effet je me suis constitué un réseau de créatifs avec lesquels je bosse tous les jours. Je ne suis donc jamais vraiment seul.

Avant de me lancer j’avais quand même une vision assez claire de ce que je voulais proposer. Je ne dis pas que je propose la meilleure formule mais c’est celle qui me ressemble et celle que je défends avec conviction et ça, c’est primordial. J’ai besoin d’être à fond, j’ai besoin que le projet soit le mien et de pouvoir le défendre à bout de bras. Dit comme ça c’est bien joli, mais il ne faut pas oublier que là où les réussites sont les miennes, les échecs le sont aussi. Mais ça n’a pas de prix de défendre sa vision et ses convictions !

Y A-T-IL DES AVANTAGES / INCONVéNIENTS DANS CE CHOIX DE FREELANCE ?

Dans les avantages, je pense que pouvoir défendre sa vision est quelque chose de fondamental. Je ne doute pas que certaines agences le permettent, mais j’avais besoin d’une liberté totale pour me trouver. Dans les inconvénients, la chose la plus dure à laquelle j’ai été confronté, ça a été d’être pris au sérieux. Quand on est jeune, qu’on est freelance, que l’on a tout à prouver, c’est parfois compliqué d’être pris au sérieux et écouté par des clients qui sont vos aînés. C’est un art acquis au fil des ans d’arriver à justifier sa proposition et d’expliquer pourquoi l’on pense que c’est la meilleure. Encore aujourd’hui, ce n’est pas toujours évident. La différence c’est qu’aujourd’hui j’ai un portfolio qui fait valoir mon travail, avec certaines références, et que les gens ont plus facilement confiance en ma vision en sachant ce que j’ai pu faire par le passé.

COMMENT ABORDES-TU TES METIERS DE DESIGNER GRAPHIQUE / DIRECTEUR ARTISTIQUE ? SONT-ILS COMPLéMENTAIRES OU TRèS DIFFéRENTS ? COMMENT JONGLER ENTRE EUX ?

C O M P L É M E N T A I R E S ! En toute honnêteté un(e) DA (directeur.trice artistique) n’est rien sans un(e) graphiste ! Pour faire très simple, dans ma vision des choses le DA amène les idées, le graphiste met en application. C’est très schématique certes, mais il y a du vrai. Alors on peut être le meilleur du monde, si l’on n’arrive pas à faire aboutir ses idées en quelque chose de concret, quel intérêt ? Non, non, vraiment, les graphiste et le DA sont une paire indissociable et j’irais même plus loin en ajoutant que de la même façon que tout DA se doit d’être au moins un peu graphiste, tout graphiste a une part de DA en lui.
Sincèrement, aujourd’hui je fais très peu de différence entre les deux, je passe de l’un à l’autre sans me poser la moindre question. Cela s’intègre dans un procès simple : conceptualiser, défendre, réaliser.

QUELLES SONT LES COMPéTENCES NéCESSAIRES POUR EXERCER CES MéTIERS ?

L’abnégation, la persévérance, l’ouverture, la curiosité. Il faut être conscient que c’est un voyage qui ne se finit jamais. Chaque jour j’apprends.

QU’EST-CE QUI TE PLAîT DANS TON MéTIER ?

Et bien mes amis me voient comme un type un peu étrange, capable de s’arrêter dans la rue devant une belle typo, disant de moi que je vois « des trucs graphiques » partout… C’est ça que j’aime ! Être capable de m’extasier et de m’enthousiasmer devant des choses aussi simples et belles qu’une ligature, qu’une couleur, qu’une composition. J’aime déceler cette beauté qui s’offre à nous, et si par chance j’arrive à en produire, alors je suis le plus heureux.

Y A-T-IL UN STYLE, UNE SIGNATURE YANN FRUCTOSO ?

C’est encore trop tôt pour l’affirmer. Je sais ce que j’aime, j’entrevois où je veux arriver, mais comme je le disais, c’est un chemin sans fin. Aujourd’hui, je m’inscris clairement dans un courant mais je travaille sans cesse à affiner mon style graphique. Je ne crois pas qu’aujourd’hui on puisse m’identifier formellement à mon travail. C’est d’autant plus dur quand on est partisan du minimalisme mais qui sait, peut-être un jour ! Quoi qu’il en soit, cela vient au second plan.

Y A-T-IL UN PROJET EN PARTICULIER QUI T’A MARQUé ET QUE TU SOUHAITERAIS NOUS PARTAGER ?

Plus qu’un projet, c’est un mission de deux ans en tant que directeur artistique du Montpellier Hérault Rugby. Cette expérience a ceci de particulier qu’elle a cristallisé toutes les difficultés que j’ai pu évoquer précédemment, mais aussi source d’une grande satisfaction. Plus haut j’évoquais la difficulté d’être pris au sérieux lorsqu’on est jeune et d’imposer ses idées… Imaginez-vous à 24 ans devant 30 rugbymans pro, dont les trois quart comprennent à peine le français, à leur expliquer qu’il faut qu’ils s’enduisent de spaghettis pour les besoins de l’affiche du prochain match… Il m’a vraiment fallu un bon quart d’heure pour leur expliquer que ça n’était pas une blague !

D’un autre coté, ça m’a aussi amené un sentiment d’accomplissement immense ; le fait de travailler au sein d’un grand club et d’y être le plus jeune, de devoir y défendre mes idées tous les vendredis devant une assemblée, le fait de faire le logo d’un stade devant lequel je passe tous les jours depuis 10 ans… C’était génial !

Pour conclure

DES PROJETS À VENIR ?

« L’agence » est en train d’en devenir vraiment une ! J’étais seul jusqu’ici et je m’associe en ce moment même pour faire grandir Studio Pure ! C’est très stimulant et j’ai hâte de voir où tout cela va nous mener !

COMMENT TE VOIS-TU DANS QUELQUES ANNÉES ?

Mes certitudes ont tellement évoluées ces dernières années… Il y a 10 ans je ne me voyais pas du tout là où je suis aujourd’hui, alors vous dire de quoi sera fait demain… Mes dans mes rêves les plus fous je me vois heureux et accompli au sein d’une agence humaniste que j’aurai contribué à faire grandir, avec des projets dont je serai fier.

UN CONSEIL À DONNER AUX ÉTUDIANTS.es ET FUTURS ÉTUDIANTS.es ?

Lorsque je n’avais pas encore mis un pied dans le monde des arts appliqués et que je commençais vaguement à m’y intéresser, je suis tombé sur le site d’un graphiste et j’ai eu un réel coup de cœur pour son travail. Cela me fascinait. J’ai pris l’initiative de lui écrire (chose qui ne me ressemblait pas du tout) pour lui poser quelques questions sur son travail et à ma grande surprise il m’a répondu avec beaucoup de bienveillance. Lorsque je lui ai posé cette même question, avez-vous un conseil à me donner il m’a répondu quelque chose qui résonne en moi encore aujourd’hui : « Lorsque tout le monde prend une photo dans la même direction, il faut que toi tu ailles prendre la photo de l’autre côté. » Vous y verrez ce que vous voudrez, mais moi j’ai kiffé et je transmettrai donc tout simplement ce message.


Pour suivre le travail de Yann :

Site internet : studiopure.fr
Instagram : @studio.pure


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